ZTL en Italie, l’introuvable liste
« Attention ! Un radar ! » Les réflexes prennent le relais. On pose le pied sur la pédale de frein et en parallèle on jette un coup d’œil au compteur. Souvent, même si on respecte la limitation de vitesse, on freine. En Italie, vous risquez de multiplier l’expérience d’innombrables fois. Parce qu’il y a des radars partout ? Oui, il y en a plein partout (des fixes sans policier présent physiquement). Mais ce n’est même pas l’unique raison de ce stress permanent lorsqu’on conduit au sein de la Botte. La vraie origine de cette peur, celle qui finira par vous accompagner partout sur les routes italiennes, se résume en 3 lettres : les ZTL.
Les ZTL, Qu’est ce que c’est ?
Nos chers voisins ont inventé ce concept en 2011. ZTL est le diminutif de Zona a Traffico Limitato. C’est une zone où le trafic est limité aux seuls véhicules autorisés (en l’occurrence les résidents, les transports publics, des services d’urgences et des titulaires d’autorisations expresses payantes). En principe, l’objectif était de limiter la pollution et le bruit, d’améliorer la sécurité des piétons et des cyclistes et de faciliter la circulation des véhicules autorisés à y pénétrer. Cette mesure visait à améliorer l’environnement dans les centre-villes. Jusqu’ici, rien d’aberrant me direz-vous.
Pourquoi la ZTL est vicieuse ?
Une pompe à fric facile
Après avoir subi la crise économique de plein fouet, l’État a décidé de couper une part des budgets des villes. Celles-ci furent alors bien embêtées car elles devaient toujours faire face aux mêmes dépenses. L’utilisation massive des ZTL en particulier dans le nord de l’Italie est visible car elles ne sont pas du tout placées dans les centres historiques (élargissement constant depuis la création). A Milan, alors qu’il existe une zone C encore plus grande, la zone B de la ZTL fait plus de 129 km2 (plus grande que l’Île de Ré). Notre camping paumé au milieu d’une zone industrielle polluée était à 50 mètres du début de la ZTL.
Une dissimulation évidente
Les élus locaux se servent de cet outil pour faire payer (cher !) les automobilistes. En l’occurrence, c’est surtout le touriste qui se fait avoir. Figurez vous que l’aspect vicieux du procédé se retrouve aussi dans la signalétique. En effet, les caisses des villes n’ont aucun intérêt à ce que la limite soit bien visible. Il est donc très facile de se retrouver dans un telle zone sans même s’en rendre compte. Les zones sont signalées par de petits panneaux avec un rond blanc cerclé de rouge. Ces panneaux sont tantôt cachés par de la végétation, tantôt abîmés/sales, tantôt perchés à plusieurs mètres au dessus des feux tricolores.
Autour du symbole, des écritures décrivent les modalités de la limitation du trafic en italien uniquement (horaire ou type de véhicule autorisé par exemple). Si vous franchissez ce panneau, vous êtes bleus. C’est trop tard. Et oui, des caméras enregistrent votre plaque et une amende vous sera automatiquement envoyée à domicile. Vous la recevrez dans les 12 mois qui suivent le jour de votre « délit ». Très souvent, elle sera bien salée (entre 70 et 300 euros en fonction des villes). Cerise sur le gâteau, vous aurez le droit à 2 amendes pour le prix d’une. Quand on aime on ne compte pas ! Les caméras vous photographient à votre entrée ainsi qu’à votre sortie de la ZTL. Enfin, plusieurs témoignages indiquent que le temps pour nous de la recevoir en France, l’amende est déjà majorée.
Idem pour la location
Sachez également que, si vous pensez être à l’abri avec une voiture de location, vous faites fausse route. Votre loueur vous dénoncera toujours. Il peut même les retirer sans votre accord grâce à la carte bancaire utilisée. Et ceci impliquera d’ailleurs des frais “de suivi” supplémentaires (on arrête jamais le progrès). Le procédé est bien connu et jugé douteux par de nombreuses associations de consommateurs.
Il suffit juste de faire attention dans les villes en question, non ?
C’est ce qu’on s’est dit aussi au départ. Et bien non. Parce que, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas du tout un phénomène qui concerne uniquement les grandes villes. Au début, on imagine que seulement Milan, Rome et Naples seront concernées.
On se dit même que c’est une bonne idée pour limiter la circulation en centre ville. Sauf qu’en fait, il peut y en avoir PARTOUT ! C’est à dire que n’importe quel village peut décréter que la rue commerçante du bled deviendra une ZTL. Il n’existe donc aucune liste qui les répertorie et c’est très dommage. Encore une fois, ce n’est pas dans l’intérêt des villes de se priver de cet argent facile.
Comment vous confronter aux ZTL
Ouvrir l’oeil
Nous venons de traverser l’Italie du nord au sud et nous avons eu des courbatures à force de serrer les fesses. C’est clairement le gros point noir de ce pays en ce qui concerne les road trips (en particulier en tente de toit). Dans les grandes villes comme Florence ou Rome, les ZTL sont immenses ! Il faut donc être constamment aux aguets.
Dès qu’on arrive aux abords d’une ville (à fortiori quand c’est une métropole), il est primordial de ralentir le pas et d’ouvrir grand les yeux. Dès que vous apercevez un fameux panneau avec le disque blanc cerclé de rouge vous pouvez soit mettre les warning et vous arrêtez sur la bas côté. Le temps d’analyser la situation et de voir si vous êtes concernés ou non par les écrits. Soit, si vous êtes du genre vue d’aigle et raisonnement furtif, continuer d’avancer lentement et réagir en fonction de ce que vous décryptez. Par exemple, à Pompei, il y a une ZTL immense, mais celle-ci ne concerne que les véhicules de plus de 7 mètres. Pour nous en assurer nous avons dû nous arrêter pour prendre le temps de traduire, via Google trad, le panneau qui s’offrait à nous et qui nous a donné quelques sueurs froides.
La carte, Waze et l’humain
Pour les plus méticuleux, vous pouvez retrouver des cartes d’une ZTL d’une ville en écrivant par exemple « ZTL Napoli » sur Google. Vous aurez des images plus ou moins précises de la ZTL de la ville que vous vous apprêtez à visiter. Enfin, ça peut vite être très chronophage et je vous déconseille tout de même de le faire pour l’intégralité des communes que vous allez traverser.
Une autre astuce consiste à utiliser l’application Waze. Encore une fois nous n’en sommes pas certains à 100%, mais il faut reconnaître que depuis que nous l’utilisons, elle ne nous a jamais amené à passer par une ZTL. Enfin, si vous avez déjà choisi votre hébergement ou votre camping, vous pouvez leur téléphoner et leur demander si la ZTL est proche. Il vaut mieux poser son campement et avoir le conseil de l’hébergeur, ou se déplacer ensuite en transports en commun.
Résultat des courses en ce qui nous concerne
En ce qui nous concerne, nous l’avons joué à l’œil et en direct. A priori nous avons un bon espoir de ne pas avoir d’amende d’ici un an. Mais, il ne faut jamais se moquer du crocodile avant d’avoir traversé la rivière. Surtout qu’à l’aéroport Fumicino de Rome, nous sommes allés chercher des amis qui arrivaient de France et nous avons tenté l’impensable.
Nous nous sommes engouffrés dans une ZTL qui est censée laisser un accès pour une durée de 15 minutes (en tout cas c’est ce que nous avons compris). Comme nous étions en même temps en contact avec nos amis, nous n’avons pas vraiment regardé l’heure exacte et donc il y a un risque que nous ayons débordé sur le quart d’heure supposément autorisé. Bref, on vous dira ça si on reçoit une amende d’ici un an. De plus, on a déjà repéré une ou deux ZTL en Sicile, où nous sommes actuellement. Rien n’est encore joué pour l’instant.
Nous avons tout de même trouvé la démarche très agréable et avant-gardiste. Le fait de s’entendre dans une aussi grande ville que Milan est un luxe. Les cyclistes sont rois et le réseau de transport en commun est performant. Si seulement les ZTL étaient indiquées par des barrières, on ne verrait pas d’ombre au tableau.
Vos recours en cas d’amende ZTL
Très clairement c’est ultra compliqué de faire sauter l’amende. Vous allez (et peut-être nous aussi) recevoir la note accompagnée d’une photo de votre véhicule entrant et sortant de la ZTL. Vous pouvez toujours essayer de poser un recours devant une juridiction italienne mais franchement bon courage. Une autre « technique » consiste à ne pas payer l’amende puis à ne pas revenir dans le pays pendant 5 ans. Une fois ce délai écoulé, le « délit » serait frappé de prescription (en 2020, à vérifier à la date de votre séjour).
Si cette amende est probablement efficace pour remplir les caisses des mairies italiennes, elle l’est beaucoup moins pour fidéliser les touristes. Heureusement, ce splendide pays regorge de merveilles qui valent largement les quelques difficultés du voyage. Le mieux est donc de serrer les fesses en écarquillant les yeux. Alors, peut-être, vous pourrez goûter sereinement à la dolce vita une fois sortis de la voiture !
Pouvez vous nous consacrer 2 minutes pour nous faire un petit retour ?
- Si nous devions réécrire cet article, que devrions-nous améliorer ?
- Si nous devions réécrire cet article, que devrions-nous absolument conserver ?
Au plaisir de vous lire
Léo et Julie
6 commentaires
armoniedelchianti35
Bonjour, je voulais vous féliciter pour cet article très intéressant sur les ZTL en Italie. J’ai appris beaucoup de choses grâce à vous et j’aimerais en savoir plus sur les villes où ces zones sont mises en place. Connaissez-vous d’autres pays qui ont adopté ce système ? Merci encore pour cet article instructif !
armoniedelchianti35
Bonjour, je tenais à vous féliciter pour cet article très intéressant sur les ZTL en Italie. Vous avez su expliquer de manière claire et concise le fonctionnement de ces zones et les conséquences pour les automobilistes. Je suis curieux de savoir si vous avez déjà eu l’occasion de vivre une expérience dans l’une de ces zones. Merci pour cet éclairage sur une mesure qui peut parfois être difficile à comprendre pour les étrangers.
armoniedelchianti35
Bonjour,
Je tiens à vous féliciter pour cet article très intéressant sur les ZTL en Italie. Votre analyse est très juste et permet de mieux comprendre cette réglementation complexe. J’aimerais savoir si vous avez des conseils pour les voyageurs qui souhaitent se déplacer en Italie en évitant les ZTL ?
Merci pour votre réponse et continuez ainsi !
Cordialement.
armoniedelchianti35
Bonjour,
Je tenais à vous féliciter pour votre article sur les ZTL en Italie. Votre analyse est très pertinente et vos conseils pour éviter les amendes sont très utiles. J’ai moi-même été confronté à cette problématique lors de mon dernier voyage en Italie, et j’ai trouvé votre article très instructif. Je me demandais si vous aviez des astuces similaires pour d’autres pays européens ?
Merci encore pour votre travail,
Un lecteur assidu.
armoniedelchianti35
Bonjour,
Je tiens à vous féliciter pour votre article très intéressant sur les zones à trafic limité en Italie. Votre analyse détaillée et vos conseils pratiques sont très utiles pour les voyageurs qui souhaitent découvrir ce pays magnifique. J’aimerais en savoir plus sur les villes italiennes qui ont déjà mis en place ces zones et comment les touristes peuvent s’y adapter. Merci pour votre contribution informative.
Cordialement.
Ds Émilie
Alors finalement amende ou pas ?
Nous sommes en plein Road trip et votre article nous a bien fait rire car nous rencontrons les mêmes ‘stress’ avec ces fichus Ztl.
J’espère que vous n’avez rien reçu 🙂