Saouler la police vietnamienne et s’allonger dans le désert de Mui Né
Mui Né est une étonnante station balnéaire du sud Vietnam. Les paysages qu’on y retrouve ainsi que la physionomie de la ville détonnent avec ce que l’on attend d’une station balnéaire classique. Mais ne vous y trompez pas, la mer ainsi qu’un soleil brûlant qui fait plaisir sont bel et bien au rendez-vous. C’est un lieu idéal pour passer quelques jours de farniente et remplir sa mémoire de somptueux endroits. Méfiez vous tout de même, pour en profiter pleinement il vous faudra sûrement jouer au jeu du chat et de la souris avec la police Vietnamienne…
Comment nous avons débarqué à Mui Né ?
Après 2 semaines de trip au Cambodge et 3 jours de visites acharnés dans l’épuisante ville de Saigon. Nous avons décidé de prendre un peu de bon temps et de nous poser quelques jours. Quand on arrive à Mui Né et que le chauffeur vous “éjecte du bus”, on ne comprend pas trop où on fout les pieds. L’endroit consiste en une interminable avenue bordée de commerces où tout est écrit en Russe. Des peaux de crocos sont étendues sur les présentoirs et au milieu des mobylettes, des tas de blonds baraqués dont la grande taille contraste avec celle moins imposante des Vietnamiens.
Vous l’aurez compris, Mui Né est une destination très prisée des Russes. Attention à ne pas confondre avec ceux que l’on croise sur les pistes de ski ou dans le sud de la France. Ici ce sont plutôt des gens comme vous et moi. Les Russes moyens qui n’ont pas envie de se les geler dans la mer Baltique et qui viennent prendre un coup de soleil pour pas cher au Vietnam.
Du coup, les restaurants proposent des plats assez improbables comme des goulash épicés et sont en général assez basiques.
À Mui Né, les activités à faire sont :
- Farniente sur la plage. Sur quelques dizaines de kilomètres vous pouvez profiter d’un joli front de mer où la température avoisine les 30 degrés au mois de décembre.
- Faire un stage ou une séance de kitesurf. En effet, Mui Né est un spot de kitesurf réputé au Vietnam.
- Se balader dans le village de pêcheurs. Depuis le bord de mer, aller observer le soleil se coucher en illuminant de rose les embarcations originales des pêcheurs est un spectacle unique en son genre. Mais le mieux reste à venir…
Les dunes de sables de Mui Né
En dehors de la plage et du village de pêcheurs, l’un des intérêts majeurs de la région est son désert de sable naturel. En effet, à 27 kilomètres de la ville, on trouve une zone désertique de plusieurs kilomètres de long et de large où trônent de gigantesques dunes.Attention, ne vous y trompez pas, les guides touristiques parlent des “White Sand Dunes”. Cependant, la seule chose blanche dans l’histoire c’est la couleur vos épaules par rapport à vos bras tout bronzés à la fin de la journée. En effet, les dunes sont plutôt jaunes couleur désert.
Comment s’y rendre ?
Pour y accéder, l’idéal est de louer un scooter. Vous trouverez des agences de location partout à Mui Né. D’ailleurs, bien souvent les hôtels proposent directement ce service ou vous orientent vers leur partenaire. Le prix de la location pour 24 heures est aux alentours de 5 euros. Pensez bien qu’il vous faudra ajouter encore 5 euros pour faire le plein. À ce propos, pas besoin de se préoccuper du type d’essence à utiliser car c’est le pompiste qui gère ça pour vous au Vietnam. Pour aller et revenir des dunes un seul plein d’essence vous suffira. N’oubliez pas de prendre quelques photos du scooter avant de partir, on est jamais trop prudent avec ces choses là.
Partir en mission désert et être confronté à la police vietnamienne
Quand nous avons récupéré notre scooter, nous avons rapidement mis le cap sur les dunes. Notre GPS hors ligne, Maps.me, nous a un peu fait défaut et on s’est trompé à un des quelques carrefours disséminés sur la route. On s’est donc retrouvés sur une route un peu à l’écart. Là, une moto de policiers est arrivée en face de nous. Ils ont commencé à ralentir, il n’en fallait pas plus pour que l’on comprenne qu’on allait passer sur le barbecue…
Tentative d’extorsion
Ils sont 2 sur leur engin, celui de derrière nous fait signe avec sa matraque de nous arrêter et pour arranger le tout je manque de nous ramasser en freinant comme un abruti. On tente le sourire mais visiblement ils ne sont pas venus pour rigoler. Ils ont l’air d’avoir faim et on se dit qu’ils ne nous laisseront sûrement pas partir sans qu’on leur donne suffisamment d’argent pour qu’ils payent le resto à toute leur brigade.
Bref, le policier nous demande nos papiers. On est assez fiers de lui sortir notre permis international (et oui on a pensé à le faire avant de partir). Mais visiblement ça ne lui suffit pas. En effet, au Vietnam il faut un permis Vietnamien. Autant dire qu’il n’y a aucun occidental qui conduit légalement dans le pays.
Il va falloir casquer 500.000 dongs !
Il nous demande la somme de 500.000 dongs. Ne vous y méprenez pas, ça ne représente qu’une vingtaine d’euros. Mais le problème c’est que, premièrement, on s’est habitué aux prix Vietnamiens. Du coup, 20 euros ça nous paraît carrément abusif. Et deuxièmement, on comprend que si j’ouvre ma sacoche-ceinture (toujours cachée sous mon tee-shirt) pour lui donner un peu plus, il verra que j’ai 2.000.000 de dongs sur moi (80 euros). À ce moment là il trouvera bien une autre infraction pour nous les prendre aussi.
C’est là que Julie la comédienne rentre en scène. Sachant que ce genre de choses pouvaient arriver, elle avait pris le soin de glisser 100.000 dongs (4 euros) dans la pochette de mon tee-shirt juste avant que l’on parte en excursion. Elle tend donc le maigre billet à notre arraisonneur en lui signalant que nous sommes à sec. Celui-ci nous regarde déçu et nous fait comprendre que ça ne suffira pas et qu’il va falloir qu’on fasse un effort.
La faille facile du policier vietnamien : sa flemme
Je suis proche de céder mais Julie me reprend. “Ah non c’est mort, si tu sors ta sacoche ils vont tout prendre !”. De là on montre toutes nos poches qui on le sait bien sont vides et on joue aux miséreux. Il nous menace alors d’immobiliser le scooter et de nous le rendre uniquement lorsque nous lui auront donné l’argent. Super ! C’est lui qui sans s’en rendre compte vient de nous donner la porte de sortie. On lui explique que nous étions justement sur la route du retour vers notre hôtel qui est soit disant à 40 kilomètres et que si il ne nous laisse pas le scooter, nous ne pourrons donc pas lui payer les fameux 20 euros.
Ça veut dire qu’il a le choix entre : soit faire la route jusqu’à l’hôtel avec nous. Soit prendre en charge le scooter et attendre 3 heures pour qu’on revienne. On voit sur son visage qu’on l’a saoulé. Yes !! Cette histoire le fatigue et il sait qu’il gagnera plus d’argent en s’attaquant aux autres touristes qui pullulent sur les routes et qui sont plus enclin à payer. Il baisse les bras et nous rend même le billet de 100.000 dongs qu’on lui avait donné au départ. D’un air dépité il nous fait signe de reprendre la route. Ahhh ça ça fait plaisir ! Heureusement que Julie est prête à beaucoup pour pas perdre un radis !
Profiter du sentiment de puissance et de liberté
En avant pour les dunes ! On est super contents et fiers d’avoir échappé à la police Vietnamienne. On se sent pousser des ailes alors qu’on roule le long de la mer, sous le splendide ciel ensoleillé de Mui Né. Sur la route, le paysage que l’on voit défiler est magnifique.
On passe devant le village de pêcheurs. On voit une myriade de petites embarcations rondes qu’ils utilisent pour stocker leur pêche du jour. Un peu plus loin on tombe sur un cimetière perché sur le sommet d’une colline. Ce sont les tombes des émigrés Vietnamiens dont les corps ont été rapatriés au pays. Toujours sur le même chemin, on aura le plaisir de s’arrêter pour profiter des “red sand dunes”. Ce sont de grandes dunes de sable rouge (ça nous a moins impressionné que les “white sand dunes”). Enfin, avant l’arrivée à destination, on aperçoit également le “fairy stream” de Mui Né. C’est un cours d’eau qui a creusé un canyon dans la terre rouge de la région. Encore un paysage original, on est ravis.
Enfin arrivés !
Lorsqu’on arrive enfin aux fameuses dunes blanches, pas si blanches que ça, on gare le scooter moyennant un petit billet de 5000 dongs (20cts). En échange, le “gardien” du parking surveille les bécanes en somnolant sur son hamac pendant notre excursion. On est bien contents d’arriver. On a parcouru moins de 30 kilomètres. Ça nous a pris quand même près d’une heure et nos fessiers sont légèrement endoloris. Bref, on paye l’équivalent de 1,25 euros chacun pour pouvoir accéder aux dunes. On s’achète une bouteille d’eau fraîche et on attaque l’ascension.
Une balade poétique dans les dunes de Mui Né
Arrivés à mi chemin du sommet d’une dune, on fait une pause. La vue est impressionnante. J’ai l’impression de revivre un moment du 4L Trophy sauf que les gens que l’on croise ont remplacé les turbans par des chapeaux chinois. On se sent à la fois tout petits et aussi très libres. On s’allonge dans le sable et on expérimente un puissant sentiment de plénitude. Qu’est ce qu’on est bien là : allongés dans un lit de sable chaud à sentir le soleil contre notre peau. On reste comme ça, un quart d’heure, à savourer le moment présent.
C’est reparti !
Après cet intermède de douceur, on rouvre les yeux et on reprend notre marche. Cette étendue de sable réveille notre enfant intérieur et on se chamaille dans le désert. On se court après, on saute, on fait des glissades dans les pentes de la dune sur laquelle nous sommes montés.
On improvise une petite séance photo pour garder une trace impérissable de cet endroit merveilleux. Puis, le début d’après midi pointe le bout de son nez et apporte avec lui un bon nombre de touristes. Si certains ont l’air, comme nous, d’apprécier une balade à pied, d’autres préfèrent une virée en quad dans les dunes. Le calme des lieux est donc troublé par des mini Donald Trump. Ils ne maîtrisent pas tous leur gros jouet et vous approchent parfois dangereusement.
On délaisse donc cet endroit où nous avons vécu un moment de liberté hors du temps. Avec l’agréable impression d’avoir vécu une version Vietnamienne ce que décrivait Arthur Rimbaud dans son poème Sensations :
“Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l’herbe menue : Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : Mais l’amour infini me montera dans l’âme, Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la Nature. -heureux comme avec une femme.”
Bons plans pour louer un scooter et séjourner à Mui Né
Séjourner à Mui Né
Pendant notre séjour à Mui Né, nous nous sommes fait plaisir et avons logé au Mui Né Hills Bliss Hotel. On avait réservé au Mui Né Hills Budget (16 euros la nuit) mais on a eu la chance d’être surclassés 🙂 Du coup on est restés 6 jours au lieu des 4 jours initialement prévus. On a donc pu profiter un maximum des lieux et faire une pause farniente dans notre voyage.
L’hôtel est vraiment top, le restaurant est pas mal, surtout en comparaison des restos alentours. Il y a également un bar assez ambiancé avec pas mal de routards, idéal pour faire des rencontres. Le petit plus, c’est qu’il y a 3 piscines et qu’on peut donc couler une brasse quelque soit l’heure.
Louer un scooter à Mui Né
Comme expliqué précédemment, à Mui Né vous retrouverez pléthore de loueurs de scooters. Au delà de 6 euros la location de 24 heures, pour une bécane pas fiable, passez votre chemin. Vous trouverez mieux chez le voisin.
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Si par malchance vous glissez avec votre scooter et lui occasionnez quelques rayures peu visibles, pensez à couvrir vos coudes abîmés ou à enlever votre veste déchirée. C’est ce que les loueurs regardent en premier quand vous ramenez le scooter.
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Si par chance la carrosserie est encore dans un état correct et que votre interlocuteur ne joue pas trop les curieux (au Vietnam ils sont plutôt cools). Vous devriez éviter d’avoir à débourser une petite somme rondelette en dédommagement.
Le permis international : comme vous avez pu le constater dans ce récit, le permis international n’est pas un sésame très puissant au Vietnam. Il n’est même pas nécessaire pour louer un véhicule. Cependant, il constitue tout de même un argument supplémentaire pour faire preuve de votre bonne foi en cas de rencontre avec la police locale. Il permet d’étayer votre discours d’ignorant devant les autorités. Il va contribuer à diminuer leur appétit et accroître leur flemme. En outre, ceci est également valable pour d’autres pays d’Asie. Pour info, la demande du permis international ne se fait plus en préfecture mais directement par courrier depuis 2017. Si ça n’a pris que 10 jours pour que Julie reçoive le sien, il a fallu près d’un mois dans mon cas. Donc pensez-y quand vous préparez votre voyage.
Pour info :
Tous les prix indiqués dans cet article sont basés sur un séjour au mois de décembre. Il fait aux alentours de 30 degrés à Mui Né pendant cette période de l’année. Contrairement à la baie de Lan Ha dans le nord du pays, c’est plutôt la haute saison au point de vue touristique.
Au total, notre séjour nous aura coûté 250 euros, pour 6 jours et 5 nuits.
Notre guide pratique sur le Vietnam
Si vous prévoyez un voyage dans ce merveilleux pays, vous serez peut-être intéressés par notre guide complet pour préparer votre voyage au Vietnam.
Nous serions enchantés que vous preniez 2 minutes pour nous faire un petit retour :
- Si nous devions réécrire cet article, que devrions-nous améliorer ?
- Si nous devions réécrire cet article, que devrions-nous absolument conserver ?
Au plaisir de vous lire 🙂
Léo & Julie
4 commentaires
Mamie
Vous êtes beaux comme tout les Amoureux et vous respirez le bonheur. J’en suis très heureuse. Je suis rassurée ma Julie, car un avenir de comédienne s’ouvre à toi si j’ai bien compris votre rencontre avec les « Flics Ripoux » …. J’ai lu l’aventure comme un roman policier, me demandant à chaque phrase comment ça aller se terminer !!! Bravo pour l’écriture Léo. Concernant les restaurants testés, beaucoup de choses avaient l’air appétissant, mais j’ai un peu regretté qu’il n’y ai pas de photo du resto par lui même, mais peut-être que c’est interdit d’en prendre. Mais bon, je trouve vos commentaires aussi intéressants. Ne changez rien, c’est bien, vous savez accrocher les lecteur. Je vous embrasse tous les 2 fort fort fort. Une bise supplémentaire pour ma Julie. Bisous
Youpie
Merci,
Pour notre voyage à venir ( 28 juin 27 juillet 2019 ) je vais préparer 100 000 VN pour les faux frais de visite en scooter, ce qui permettra de ne pas ouvrir ma cagnotte près du corps ! Et de repartir avec les 100 000 si tout va bien !
Cela fait 2 mois bientôt que je glane les renseignements sur les forums et retours de voyage au Vietnam, votre blog mérite Bien un oscar enveloppé dans une palme d’or . C’est authentique, vivant, vous n’avez rien à vendre en échange pour l’instant et c’est bourré de conseils judicieux. Bravo et Merci !
youpie
PS Léo ta photo en suspension dans l’air est Magnifique : on dirait un batracien ( j’ai pas dit un crapeau ) qui sortirait tout droit d’une boîte à ressort bien tendu . Presque autant que toi … LOL
Julie par contre a eu l’élégance de prendre la pose starlette de circonstance. Beaucoup de prédispositions pour la danse que Julie a peut-être pratiqué …
Bref les photos d’un Homme et d’une Femme … Le reflet de la vraie vie ! Un instant de vérité vraie.
bruisdmode
Bonjour, merci beaucoup pour cet article intéressant ! J’ai beaucoup appris sur la culture vietnamienne et j’ai apprécié votre façon de raconter votre expérience. Votre récit de la soirée dans le désert de Mui Né est fascinant et m’a donné envie de partir à l’aventure moi-même. Je suis curieux de savoir si vous avez d’autres histoires de voyage à partager. Merci encore pour cet excellent article !